Nous sommes en 2016, je rencontre deux metteurs en scène pour jouer dans une pièce de Denis Kelly, Oussama, ce Héros. Lors de la première rencontre, nous parlons surtout de philosophie. C’est délicieux pour moi. La pièce aussi est formidable. Elle pose la question du fanatisme dans les milieux populaires et D.Kelly fait des cadeaux aux comédiens tellement les personnages sont riches et fouillés.
Le soir même, ils me rappellent : « tu es libre demain ? ». Le lendemain me voilà face à quatre personnes : c’est le début de deux ans de vie de troupe.
Dès ce premier jour de répétition j’ai découvert le « ça va ça va ».
Il s’agissait pour tous les jours de répétition et de représentation de commencer par se donner les uns aux autres nos météos intérieures. Le but est que chacun puisse donner son état de forme, son état émotionnel et ce qu’il a envie de partager. Ceci permet aux autres d’avoir des indications pour comprendre l’autre et de travailler avec lui.
Par exemple, si un partenaire nous apprend qu’il est en super forme, alors on sait que ce jour-là on va pouvoir pousser le curseur de l’énergie très haut. A l’inverse, si on sait qu’un autre a passé une mauvaise nuit, que sa fille est malade et qu’il n’a pas eu le temps de prendre son petit déjeuner, alors on va prendre soin de lui et voir comment il évolue dans la journée.
Les bénéfices sont énormes. Avec un « ça va ça va », nous pouvons nous connecter les uns avec les autres, prendre soin de nous et créer un espace de confiance. Le LABO du « ça va ça va » porte ce nom. C’est une symbolique bien sûr, mais avant tout c’est un état d’esprit.